Historique

Une décennie après le début du grand mouvement de désinstitutionnalisation en psychiatrie des années 70, un grand nombre de personnes devant quitter le milieu asilaire ou institutionnel se retrouvaient encore sans ressource pour faciliter leur processus d’insertion dans la communauté. En 1983, Mireille Legault, étudiante en intervention psychosociale à l’UQAM, observa que sur notre territoire, il y avait très peu de ressources pouvant faciliter la réinsertion sociale de ces ex-patients psychiatrisés. Elle entreprit une démarche de consultation dans le milieu pour juger de la viabilité d’un projet de maison d’hébergement pouvant accueillir ces personnes.

Le 26 janvier 1983, suite à cette consultation, Mme Legault fonde avec l’aide d’un conseil d’administration provisoire la corporation Maison le Point Commun. Très rapidement, l’organisme reçoit une subvention du Ministère de la Santé et des Services Sociaux. Peu de temps après, l’organisme obtient une subvention de la Société Canadienne d’hypothèque et de logement et se porte acquéreur d’une ancienne maison de chambres qu’il aménagera en résidence pouvant répondre aux exigences de son projet. Il n’en fallut pas plus pour démarrer un service d'hébergement transitoire avec activités de réadaptation qui s'adressera à une clientèle adulte vivant des troubles sévères de santé mentale.

Il faut bien comprendre ici qu'il s'agissait de l'implantation d'une ressource alternative (communautaire) en santé mentale donc, du développement et de l'utilisation de pratiques alternatives (à la psychiatrie traditionnelle, à la bio-psychiatrie). Ces pratiques alternatives étant essentiellement basées sur une conception de la personne en tant qu'entité globale, sur la croyance en sa capacité d'adaptation et d'autodétermination.

Dès ses débuts, la maison offrait à la clientèle concernée 8 places en hébergement et un lit de dépannage (aménagé 2 ans plus tard) et un programme d'activités de réadaptation. Ces activités visaient en premier l'autonomie physique et résidentielle (alimentation, tâches ménagères, gestion de budget, exercices physiques, hygiène personnelle, etc.) ensuite, l'insertion dans la communauté (accompagnement dans la communauté pour connaître et accéder aux services et à la vie dans la communauté).

Une autre dimension caractérisait la nature des activités de la ressource, celle de l'intérêt pour la dimension psychique de l'individu. Elle offrait des ateliers de dynamique de groupe, de créativité, de connaissance de soi, des activités psychocorporelles (massage, relaxation), d'approche transpersonnelle (visualisation, rêves, etc.) et des rencontres en suivi individuel.

En avril 1992, Mme Legault laisse son poste de directrice pour se consacrer à d’autres projets. Depuis ce temps, M. Denis Forest assume la fonction de directeur. Vers la fin de 1996, une réflexion sur l’évolution des services de la Maison le Point Commun a permis d’envisager une autre façon de réaliser sa mission. Une recherche sur les différents concepts liés à l’intervention dans la communauté (approche milieu, intervention proactive, support en milieu naturel, réadaptation psychosociale et suivi intensif dans le milieu) a permis de concevoir la possibilité d’offrir des services à l’extérieur de ses murs de façon différente, mais tout en gardant l’objectif premier de l’organisme, c’est-à-dire le rétablissement des personnes ayant des troubles mentaux sévères.

Cette réflexion coïncidait avec le mouvement de transformation des services en santé mentale initié par le MSSS. La Régie régionale de la Montérégie de l’époque envisageait dès lors de favoriser les projets de suivi intensif dans la communauté pour les gens vivant ce type de problématique. Il est apparu judicieux pour notre directeur, l’équipe d’intervenants et le conseil d’administration de la Maison le Point Commun d’orienter ses services vers le soutien dans la communauté tel qu’on le connaît aujourd’hui, tout en maintenant un service minimal d’hébergement dépannage.

En 1998, le virage fut complété. Depuis ce temps, un nombre considérable de personnes peuvent accéder au service de soutien dans la communauté, à l’hébergement dépannage et aux activités de notre milieu de jour.

Au printemps 2003, Denis Forest et Joseph-Anne St-Hilaire de l'Autre Versant de Granby, tous deux représentants du comité de travail sur le soutien dans la communauté de l’Association des Alternatives en Santé mentale de la Montérégie (AASMM), déposaient à la Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie le cadre de référence en soutien communautaire.

Ce document essentiellement inspiré des concepts de réadaptation psychosociale constituait la base de la pratique de soutien dans la communauté et ouvrait la porte à la reconnaissance de l’expertise du milieu communautaire alternatif en réadaptation psychosociale en Montérégie.

En mars 2005, Maison le Point Commun se tourne vers le logement social. L’organisme soumet un projet de construction d’un édifice de 12 logements sociaux à la Société d’habitation du Québec (SHQ). Trois ans plus tard, à l’été 2008, les premiers locataires emménageaient dans leur logement.

L’implication soutenue de la Maison le Point Commun et des membres de l’AASMM dans le développement de la pratique de soutien dans la communauté a porté fruit. À la fin 2008, l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie demandait aux centres de santé et de services sociaux (CSSS) de la Montérégie de conclure des ententes de services avec 10 organismes membres de l’AASMM pour la prestation du service de soutien d’intensité variable dans la communauté (SIV). Au printemps 2009, l’organisme signait une première entente de services avec le CSSS Haut-Richelieu/Rouville pour le SIV et une seconde liée au soutien en logement social.

À partir de ce moment, la ressource a pris une expansion considérable, doublant ses effectifs et entreprit d’importants travaux d’agrandissement de ses locaux. Elle compte maintenant dans ses rangs, en plus du personnel de soutien (4), 8 intervenants, une organisatrice communautaire et un pair aidant, lequel contribue énormément à appuyer le développement d’une pratique axée sur le rétablissement de la personne, sur ses forces et ses rêves.

L’arrivée d’un pair aidant a aussi grandement favorisé le déploiement d’espaces de participation de la clientèle dans la ressource. La mise sur pied d’un comité des usagers dynamique et d’un comité journal en sont une éloquente illustration.

Enfin, depuis 1995, l’organisme Maison le Point Commun est aussi reconnu comme un milieu de stage très apprécié des établissements d’enseignement.